Contexte d’utilisation
Tout d’abord, qu’est-ce que le RVB et le CMJN ? Ce sont des acronymes : RVB (ou RGB en anglais) signifie Rouge Vert Bleu et CMJN signifie Cyan Magenta Jaune Noir.
Dans chacun des deux cas, les couleurs évoquées correspondent aux couleurs de bases utilisées pour obtenir toutes les autres couleurs. Cependant, le RVB et le CMJN ne créent pas de la couleur par un même procédé et ne peuvent donc pas être utilisées dans un même contexte. En général, on associe le RVB aux écrans et le CMJN à l’imprimé. Vous aurez sûrement d’ailleurs déjà remarqué que CMJN correspond aux couleurs de vos cartouches d’encres si vous possédez une imprimante.
Deux techniques d’obtention des couleurs
Comme évoqué précédemment, le RVB et le CMJN utilisent des méthodes différentes pour créer de la couleur. Le RVB utilise la synthèse additive et le CMJN la synthèse soustractive.
Synthèse soustractive
Pour que ce soit plus simple à expliquer, nous allons commencer par expliquer la synthèse soustractive avec le CMJN. En effet, plus jeune, en cours d’arts plastiques, on a pu déjà tester en réalité la synthèse soustractive. On part d’une feuille blanche, sur laquelle on mélange les couleurs primaires (Cyan Magenta et Jaune) jusqu’à obtenir du noir. On a donc au départ une base qui reflète toute la lumière qu’elle reçoit, puis à chaque couche de couleur que l’on ajoute, on va absorber une partie de cette lumière. Jusqu’au point où la lumière ne se reflète plus sur la surface pour obtenir du noir.
Synthèse additive
Pour la synthèse additive, avec le RVB, le processus est inversé. En effet, on part d’un écran noir qui absorbe donc toute la lumière et n’en renvoie pas. Cet écran est composé de pixels. Chacun de ces pixels est composé de 3 composantes de couleurs Rouge Vertes et Bleues. Ces composantes sont trop petites pour être visibles à l’oeil nu, mais on peut les percevoir lorsqu’on prend en photo nos écrans. Pour créer de la couleur sur cet écran on va donc allumer ces 3 composantes chacune plus ou moins intensément. Par exemple, pour afficher du bleu, la composante bleue des pixels va être allumée, et les deux autres éteintes. Et si l’on allume chacune de ces composantes à leur capacité maximale, on obtient du blanc.
Pour créer de la couleur sur écran (RVB), on ajoute de la lumière sur une surface qui n’en a pas (d’où « synthèse additive »). Contrairement à l’imprimé (CMJN) où on soustrait la lumière à une surface lumineuse (d’où le nom de synthèse soustractive).
Des couleurs impossibles à obtenir ?
L’omniprésence des écrans dans notre quotidien rend difficile à comprendre que certaines couleurs sont en réalité impossibles à obtenir sur papier. C’est cette différence de technique qui l’explique.
En effet, des objets qui ne créent pas de lumière (comme l’encre classique et le papier) n’arriveront jamais à reproduire certaines couleurs de nos écrans. Les couleurs comme le vert et le bleu, qui sont des couleurs très lumineuses, sont particulièrement touchées.
Vous pouvez tester chez vous ! Avec votre écran, vous pouvez voir sur cette image 2 carrés de verts différents. Seulement, si vous imprimez cette image, les deux carrés vont devenir de couleur identiques. En effet, l’imprimante est incapable de créer le vert flashy. De la même manière, si vous avez avec vous un de mes flyers ou cartes de visite, vous pouvez comparer le rendu des couleurs sur écran en comparaison avec ce que vous avez en main.
Cependant, lorsqu’on crée des supports de communications imprimés, on veut éviter toute surprise et obtenir le même résultat que ce que l’on a sur notre écran. C’est pourquoi un graphiste peut travailler sur le mode colorimétrique de son choix : CMJN ou RVB. Ainsi, lorsqu’un graphiste crée des visuels voués à l’impression, il crée directement en CMJN. Ainsi, toute couleur que l’on ne pourra pas obtenir à l’imprimé sera corrigée vers la couleur la plus proche équivalente. Pour une entreprise qui n’utilisera jamais de supports web, on peut même adapter les couleurs de son identité à l’impression. (cf article Qu’est-ce que l’identité visuelle ?)
Note : Le sujet des couleurs vous intéresse ? Vous pouvez en apprendre plus sur leur impact entre autres en communication, via cet article : La force et la signification des couleurs.
La couleur Pantone
Mais vous jurez pourtant avoir vu un sticker flashy sur une devanture ? Vos yeux fonctionnent bien ne vous en faites pas c’est tout à fait possible ! Cependant, ces couleurs sont obtenues grâce à des encres spécifiques produites uniquement par certaines entreprises, la plus connue étant Pantone.
Pantone est une société créée en 1866. A l’origine, Pantone fabriquait des nuanciers pour les fabricants de cosmétique. Depuis les années 1990, en inventant l’hexachromie (un procédé de séparation des couleurs d’imprimerie), Pantone est l’entreprise spécialiste de la couleur. Il s’agit donc d’une société très reconnue dans le graphisme, l’imprimerie et le design d’intérieur. Leur popularité est telle que chaque année, la société déclare la couleur qui sera tendance cette année.
Pour créer leurs couleurs, Pantone ne se base pas sur les 4 couleurs d’encre de base du CMJN mais sur 10 couleurs : le noir et le blanc, le jaune primaire, le rouge chaud et le rouge rubis, le magenta, le violet, le bleu réflexe, le bleu primaire et le vert. Contrairement à l’imprimante classique qui imprime les 4 couleurs couche par couche pour obtenir le rendu final, Pantone mélange d’abord les encres et imprime directement en une couche. Cela permet un rendu plus net et plus prévisible. On ajoute ensuite une « teinte solide » pour adapter l’encre à la texture de son support (cf. Choisir le bon papier). Pantone Coated pour le papier couché, Pantone Uncoated pour le papier non couché et Pantone Matted pour le papier mate.
Note : Si vous souhaitez utiliser des couleurs Pantone pour vos supports de communication, il faudra vous assurer que votre imprimeur soit bien équipé de ces couleurs, et surtout être prêt à y mettre le prix : les couleurs Pantone sont un peu le luxe de la couleur.